La guerre en tant qu’affrontement des masses et des Etats, ou en tant que fait politique et militaire, a largement été commentée. Le combat, c’est-à dire la lutte violente entre un ou plusieurs individus, a rarement été traité comme l’a fait Ernst Jünger dans la guerre comme expérience intérieure. Dans son ouvrage, il revient sur son expérience de la Première Guerre mondiale. Non, ce n’est pas un autre Orage d’acier, autre ouvrage remarquable de Jünger, mais c’est bien la vision de la guerre par l’être humain, avec ses grandeurs, ses faiblesses et ses déchéances. Ce livre, avec sa description sans détour de la violence, peut paraître anachronique pour des Européens qui ont majoritairement oublié la guerre ou feint de l’oublier. Il permet de comprendre la culture et la barbarie européennes, relatées notamment par Edgar Morin, mais au-delà la barbarie de l’humanité dans un contexte culturel et historique particulier.
Ernst Jünger
Un extrait d’un commentaire d’André Glucksmann, en 1997, permet de commencer à cerner cet ouvrage.« Ce manifeste est un texte fou mais nullement le texte d’un fou. Une histoire pleine de bruit, de fureur et de sang, la nôtre, est anticipée sans qu’il convienne d’en tenir responsables ces quelques pages ivres et hagardes, possédées par une Mauvaise Nouvelle qu’elles tentent fiévreusement d’énoncer comme Bonne. Comment, demanderez-vous, lecteurs d’aujourd’hui, ne pas s’inquiéter après coup de l’éloge du brise-tout pour qui « vivre égale mourir » ? Comment ne pas frémir face à l’apologie sulfureuse des frénétiques « dont le pas de charge disperse au vent comme feuilles d’automne toutes les valeurs de ce monde » ? Vous avez raison. Même à l’orée du XXIe siècle de telles propositions donnent la chair de poule… Certes mais les commodités faciles d’une condamnation rétrospective risquent pourtant de masquer l’ampleur d’un texte où l’avenir de la planète (pas seulement de l’Allemagne) bégaie avant de passer à l’acte. »
Qu’avons-nous été pour elle et qu’a-t-elle été pour nous ?
Dans l’avant-propos, Jünger énonce rapidement son idée directrice : « c’est la guerre qui a fait les hommes et des temps ce qu’ils sont ». L’homme tel qu’il est à une époque donnée est façonné par les guerres passées. Par les guerres qu’il mène, il façonne l’avenir. Au-delà de l’idée de progrès (technique), moteur de ce début de XXème siècle, l’homme qui croyait maitriser ainsi son avenir se retrouve brusquement pris dans un conflit dantesque, la Première Guerre mondiale. Ainsi, il retrouve ses pulsions « trop longtemps endiguées par la société et ses lois ». Il se pose ensuite une question à laquelle il tente de répondre dans son ouvrage : « qu’avons-nous été pour elle [la guerre] et qu’a-t-elle été pour nous ? »
Dans le chapitre Sang, Jünger commence par décrire l’homme comme un vecteur de tout ce qui « fut fait et pensé avant lui ». Cette idée, contenue dans la théorie des mèmes ou de la violence mimétique de René Girard, est une des lignes directrices du rapport de l’homme à la guerre selon l’auteur. Malgré tout ce que la société et la « chaîne sans fin des aïeux » ont construit, l’homme ne peut pas effacer le « bestial qui n’en dort pas moins au fond de son être ». Au combat, la bête se fait jour en se conformant à une effrayante simplicité : « anéantir l’adversaire ». La culture pour Jünger ne peut faire oublier deux émotions de l’individu au combat que sont l’épouvante et la soif de sang.
C’est d’abord la volonté de tuer qui pousse l’homme dans « le vertige de la lutte ». Quelles que soient les armes utilisées, finalement, le combat se termine toujours par deux hommes qui luttent pour leur existence ; il n’y aura qu’un vainqueur et qu’un vaincu. C’est après le combat ou la bataille que l’homme, blêmissant, reprend alors pleinement conscience de son comportement animal et des périls auxquels il vient d’échapper. Jünger ajoute que c’est à partir de cette limite, et seulement là, que commence la bravoure. Elle n’est donc pas le fait de l’inconscient qui va au combat la fleur au fusil mais bien la qualité de celui qui, ayant pris conscience de sa nature profonde et ayant connu l’effroi du combat, reprendra les armes.
Qui peut parler de guerre, qui n’a point été dans nos rangs ?
Jünger montre aussi comment le sentiment de l’horreur, combinaison de terreur et de dégoût si souvent absent des esprits dans les sociétés évoluées, resurgit. Selon lui, l’horreur est le « premier éclair de la raison » qui différencie l’homme de la bête, qui elle aussi peut avoir peur ou être angoissée. Il rappelle également que l’homme et surtout l’enfant aime ce sentiment en écoutant « d’angoissantes histoires ». Il en vient naturellement à la vision du premier mort pour le combattant : « un instant inoubliable qui figeait les cœurs et les sangs en cristaux de glace roidies ». Elle se grave pour l’éternité dans le cerveau tel un fantôme. L’horreur est liée, entrelacée à la mort. Il décrit abondamment la pourriture des corps qui s’attaque à presque tous les sens. Certes, la mort est vue par le combattant (la croute noire des cheveux, les lèvres bleuies, etc.), est sentie (odeur douceâtre) mais aussi entendue (hurlement des blessés, gaz échappés des cadavres, etc.), touchée (« quand on marchait sur eux [les morts], les pas laissaient des traces phosphorescentes »). Pour l’auteur, l’horreur peut être atténuée par le rire mais il fait le constat pessimiste qu’entre le rire et la folie, il n’y a jamais que le fil du rasoir. Face à l’horreur décrite crûment, Jünger cherche à expliquer l’insoutenable de sa description : « A quoi bon ménager vos nerfs ? […] Qui peut parler de guerre, qui n’a point été dans nos rangs ? ». Dans cette description particulièrement intéressante de la zone de mort évoquée dans les ouvrages de Michel Goya, l’auteur s’éloigne de la description héroïque de la guerre et surtout de la mort au combat. Elle permet aussi de mieux comprendre que beaucoup d’hommes ne se remettent jamais mentalement de ces moments. Dans le chapitre Lansquenets, Jünger reviendra une fois de plus sur l’effroi et la peur, après avoir critiqué « la masse et l’égalitaire » qu’il qualifie « de nouveaux dieux ». Ensuite, il décrit un combattant appartenant à l’élite, mercenaire et volontaire. C’est l’apologie de la virilité du soldat à la guerre, notamment celui qui appartient aux troupes d’assaut et qui brave la mort avec insolence.
Lentement les morts se défaisaient, se conjoignaient à la terre, à la tranchée pour laquelle ils avaient combattu
L’univers de la tranchée est présenté dans de nombreux ouvrages. Jünger, une fois de plus, décrit sèchement ses réflexions de « blasé du sang ». Il remet en perspective les jours passés dans la tranchée, cette « alerte éternelle », par rapport aux heures de la bataille. « La guerre se couronnait jadis de journées où la guerre était joie […] Mais la tranchée faisait de la guerre un travail de manœuvre, des guerriers les journaliers de la mort, usés jusqu’à la corde par un quotidien sanglant. » La tranchée est certes présentée comme l’environnement du combattant mais plus encore, il décrit un combattant lié, jusque dans la mort, à sa tranchée : « La pourriture couvait sur tout le paysage. Lentement les morts se défaisaient, se conjoignaient à la terre, à la tranchée pour laquelle ils avaient combattu. Paradoxalement, l’homme créé la tranchée mais il devient la créature de la tranchée, une partie constituante d’un corps dont l’être humain n’est, au mieux, qu’une cellule. La tranchée est vivante, elle fait du bruit, elle vomit « dans des longues vagues des marées d’hommes ».
Les guerriers et les filles, un motif qui ne date pas d’hier
Dans le chapitre Eros, Jünger revient sur l’exacerbation des sens du combattant, « le péril fait resurgir des émotions déroutantes comme les rêves ». Il constate que plus la guerre durait, plus elle imposait son empreinte à la vie sexuelle. La peur et l’effroi, au centre de la vie dans la tranchée, marque le combattant qui cherche à profiter de l’instant présent aussi bien vis-à-vis de l’alcool que des femmes. Jünger parvient à allier le sordide au poétique des soirées bruxelloises des permissionnaires avec des prostituées : il fallait trouver « l’amour là où il se trouvait sans voile». Ainsi, la peur du lendemain « oblige » à jouir du présent. « Les guerriers et les filles, un motif qui ne date pas d’hier » est son constat. Jünger balaie froidement toute forme de moralité dans l’acte sexuel, comme il l’élude dans ses descriptions du combat. Dans un autre chapitre, il décrit sa promenade dans les rues de Lille qui contraste avec le front : le calme, les magasins, l’alcool, les femmes, etc. Il raconte sa « rencontre » avec une française dont le mari se bat dans l’armée française. Il se demande s’il est mort, s’il monte la garde, s’ils se sont combattus. L’omniprésence du danger change tout, y compris certaines valeurs, au moins momentanément. Encore une fois, l’homme est décrit dans toute sa dimension bestiale, dans laquelle la notion d’amour perd de son sens. La guerre tue ou façonne l’homme.
Je n’ai pas de haine contre eux. Mais ça, je préfère le garder pour moi
Le chapitre Le pacifisme commence ainsi : « la guerre est la plus forte rencontre des peuples ». Comment mieux résumer l’affrontement dantesque que fut la Première Guerre mondiale. Pessimiste, Jünger constate qu’il n’est pas possible de se soustraire à la guerre. Cela relativise d’emblée la notion de pacifisme. Il affirme ensuite qu’il existe deux ressort au pacifisme :
- l’idéalisme (refus de la guerre par amour des hommes) ;
- la peur (refus de la guerre par de sa propre perte).
Selon l’auteur, l’idéalisme est estimable car cela revient à placer l’humanité au-dessus de la nation. Au contraire, la peur de perdre la vie est détestable car l’individu se place au-dessus de tout. Paraphrasant quelque peu Voltaire (on dit que Dieu est toujours pour les gros bataillons), il se demande si les « gros bataillons ne sont pas du côté de la civilisation la plus haute ». C’est pourquoi, il estime que les civilisations « avancées » doivent posséder des armées fortes pour pouvoir lutter contre la barbarie.
Jünger raconte ensuite un épisode de fraternisation durant lequel il avait été obligé, avec ses camarades, de sortir de la tranchée en raison de pluies trop violentes. Étonné de voir sortir de terre une multitude de combattants, il décrit une sorte de résurrection de l’homme qui découvre un autre soi en l’autre, un autre combattant. Et puis, la guerre reprend ses droits, implacable, et le sang coule à nouveau… L’auteur aborde même sa francophilie : « pour l’art de vivre, imbattables », en parlant des Français. Il ajoute : « je n’ai pas de haine contre eux. Mais ça, je préfère le garder pour moi ». Il reprend son thème du droit de tuer à la guerre mais de l’illégitimité de la haine. En effet, selon l’auteur, chaque peuple a son « sale type » qui est pris pour norme par l’adversaire.
Cette guerre n’est pas le final de la violence, elle en est le prélude
Jünger fait également l’apologie de la virilité. La bravoure est présentée comme la mise en jeu de sa propre personne sans se soucier des conséquences : « plus de compromis ; on joue son va-tout ». Il magnifie le soldat qui combat sans haine contrairement à « ceux de l’arrière » qui s’empêtrent dans leur haine de l’autre. « Nous sommes restés les plus décents de tous, nous qui chaque jour trempions nos mains dans le sang ». La bravoure est également présentée comme le facteur principal de cohésion d’une armée, le « feu vivant » qui la soude. Le courage des chefs, mis en avant, doit aller de soi. « Le prince a le devoir de mourir dans le cercle de ses derniers fidèles ». Un armée sans bravoure, malgré ses matériels, ses drapeaux, ses beaux uniformes, n’est qu’une armée qui se donne en spectacle pour « avortons et vieillards »…
L’auteur revient ensuite sur l’attente du combattant qui va être bientôt pris sous le feu. « Nous avons été au feu des centaines et des centaines de fois, nous sommes la troupe d’élite et de choc …, et pourtant, ce matin, tous sont d’un silence bien méditatif. » L’attente est longue et malgré toutes les préparations, les hommes se demandent s’ils sont prêts et quels sont les motifs de leur combat. Pour Jünger l’essentiel n’est pas « pourquoi se battre » mais « comment se battre ». D’une manière qui pourrait apparaître prémonitoire, il a joute que « cette guerre [14-18] n’est pas le final de la violence, elle en est le prélude ». Cette assertion, qui refroidit quelque peu, esquisse une des thématiques du nationalisme allemand qui engendrera le nazisme. « Cela fait une éternité que je suis dans cette tranchée ». C’est ainsi que commence le chapitre « Entre soi » dans lequel Jünger décrit l’ennui, l’exiguïté de son petit morceau de tranchée, la perte du bon fonctionnement des sens, la mort. Le temps semble s’être suspendu. « Cela fait trois ans que cette sentinelle [ennemie] est à la même place » même si parfois, elle est relevée ou tuée. Les individus n’ont plus d’importance seules les fonctions qu’ils occupent comptent. Jünger parle ensuite de son « amour » irrépressible, son attachement, pour ses hommes. Lorsqu’ils se pressent autour de lui dans la bataille, il essaie de sourire alors qu’il se sent, au fond, aussi perdu qu’eux.
L’horreur qui pèse sur la tranchée comme un nuage immobile
De manière récurrente, il revient vers ses descriptions sensorielles du front : l’odeur de l’urine ou des cadavres, les démangeaisons dues aux poux, etc. Devant « l’horreur qui pèse sur la tranchée comme un nuage immobile », l’amertume du combattant s’aggrave avec le temps. Le problème existentiel de la mort s’ajoute à l’incompréhension entre les hommes du front et l’arrière. Un remède est de passer le temps en créant des liens avec les autres, dans la tranchée. Mais, la promiscuité pèse sur les combattants. L’auteur remarque que la fatigue renforce le sentiment d’angoisse. Il se demande ce qui peut pousser encore les hommes vers l’avant. Selon Jünger, ce n’est ni l’envie d’en découdre, ni la discipline, ni la patrie, ni l’honneur ou le devoir. C’est une volonté supérieure qui permet à l’homme, qui n’est« qu’un conglomérat d’angoisses », de poursuivre son combat.
Il dépeint le combattant comme un spectre qui évolue dans un rêve ou dans un cauchemar. La conscience de la réalité est dégradée par la fatigue et l’usure. Il raconte ensuite un accrochage avec une patrouille, « un ballot d’hommes » pendus dans les barbelés qui est « criblé comme une écumoire de projectiles et d’éclats« . Cela le soulage de l’épouvante qu’il éprouve car il a peu eu l’occasion de voir l’ennemi en chair et en os, très près. Le tuer, c’est également terrasser ses propres angoisses. « Rarement on accède à l’obscure notion que de l’autre côté puisse vivre des hommes« .
Le combat des machines est si colossal que l’homme est bien près de s’effacer devant lui
Veillée d’armes est le dernier chapitre et couvre les « derniers jours » de la guerre de tranchée (avant le 21 mars 1918). Jünger rappelle l’espoir de fin de la guerre que représentait cette tentative (réussie) de retour à la guerre de mouvement. Les mots de « gloire » et de « joyeuse mort au champ de bataille » sont devenus « pâles et creux » mais retrouvraient alors leurs accents de 1914 : « Oui, nous sommes joyeux et sûrs de la victoire ». Il décrit ensuite la mise en place des troupes chargées de l’offensive allemande. Il se pose la question de l’homme et de la machine à la guerre. « Le combat des machines est si colossal que l’homme est bien près de s’effacer devant lui ». Cependant, il constate que « seul l’homme peut orienter les machines, leur donner un sens ». Jünger conclut sur les unités montant au front : « devant ce flot énorme qui roule sans discontinuer vers le combat, toutes les œuvres s’annihilent, tous les concepts sonnent creux lorsque se manifeste l’élémentaire, la colossale énergie qui fut et toujours sera, alors même que depuis longtemps auront disparu les humains, et les guerres avec eux ».
Que penser de cette œuvre ?
En définitive l’auteur répond aux questions « Pourquoi et comment combattre » ? Dans sa vision du combat, Jünger ne décrit pas la guerre, politique par essence, ou même la bataille, traditionnellement militaire, mais bien le combattant dans la lutte pour la vie ou la survie. Nulle place pour le Droit, la pitié, la justice, la politique, la technique, la tactique ou la raison. Jünger présente l’homme dépouillé de ses oripeaux culturels, dans toute sa brutalité. Sa vision, extrême voire extrémiste, est marquée par son expérience militaire. Blessé 14 fois pendant la Première Guerre mondiale, il a combattu dans les troupes de choc allemandes. Un siècle plus tard, cette vision du combat et au-delà du monde peut paraître choquante, surtout dans des sociétés qui ne connaissent plus la guerre ou le combat pour la survie. Pourtant, sous certains aspects, cette description reste très contemporaine et pas très éloignée de conflits récents : Bosnie, guerres des Grands lacs ou Levant actuel.
En occident, ce rapport intime de l’homme à la guerre fait peur. Il terrifie car il rappelle une bestialité que les sociétés civilisées renient. Ce rapport intérieur à la guerre dont nous parle Jünger, présenté dans des formes extrêmes, ne serait d’ailleurs pas sans évoquer la notion de jihad ou de guerre sainte si l’absence du divin n’était pas si criante dans ce livre. Cela change tout ! L’homme ne se transcende pas au combat pour « Dieu » mais pour une communauté humaine combattante qui n’a d’autres limites que la tranchée et les camarades.
Cette œuvre magistrale de Jünger doit être prise pour ce qu’elle est : un extraordinaire témoignage sur le rapport au combat d’un officier d’exception. Aller plus loin, notamment en théorisant sur le récit ou en extrapolant une éthique (guerrière) du combat, porte le risque d’une montée aux extrêmes non pas de la guerre mais dans la guerre. La barbarie nous guette tout autant comme individu que comme civilisation…
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Livre lu par Romaric Seguin, Théâtre national de Strasbourg (cliquer pour écouter).
« Bien qu’il fasse encore sombre, nos silhouettes se détachent nettement des parois crayeuses du boyau de liaison qui se glisse à travers la nuit comme un reptile blanc. Nous marchons en silence précautionneusement, à la file indienne, tout un chacun captif du réseau de ses propres pensées. Les chuchotements s’éteignent, les poumons sifflent sous les courroies des musettes. Nous sommes au bord du désert. Devant nous la mort fend les airs de ses coups de fouet, des foudres de ses signaux fracassants. La nuit se dissout dans l’incertain, la lune jette de la chaux sur les visages, les yeux brillent comme dans la fièvre. »
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