Qu’y a-t-il de commun entre les “bouches à feu” (canons) françaises des victoires de Castillon (1453) et de Marignan (1515), les galéasses vénitiennes de la bataille de Lépante (1571), l’introduction du tank durant la Première guerre mondiale ou les fusées nazies V1 et V2 de la Deuxième guerre mondiale ? En apparence, il paraît difficile sinon impossible de répondre à une telle question. En apparence seulement ! Car, ce qui relie ces différentes inventions, c’est la rupture technologique qu’elles symbolisent et, pour leurs chefs militaires, le souhait – parfois l’utopie – de changer l’issue de la bataille sinon de la guerre par leur emploi.

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Cette rupture caressée, envisagée et, parfois, réussie, peut revêtir diverses formes sans être nécessairement tactiques ou même stratégiques au sens militaire. Toute technologie de rupture, aussi innovante soit-elle, n’entraîne pas nécessairement d’application concrète dans le domaine militaire. Une rupture sur un champ de bataille donné peut se révéler un handicap déterminant sur un autre champ de bataille. Le passage, au tournant du 21ème siècle, de conflits symétriques à des conflits de basse intensité et asymétriques procure de nombreux exemples. Ce qui nous offre là le second axe de notre dossier.

Si les exemples d’une technologie qui, au service des armées, permettent la victoire des gouvernants abondent, la victoire militaire n’est pas la seule finalité. Par exemple le canon a une histoire étroitement liée à la construction de l’État. C’est-à-dire que la maîtrise des connaissances scientifiques, technologiques et techniques pour forger et entretenir des bouches à feu est l’occasion d’une nouvelle distribution de la puissance politique. Ainsi, les États capables de maîtriser ce processus et de se servir habilement de cette artillerie sur le champ de bataille triomphent face à ceux qui ne disposent ni du moyen ni des connaissances nécessaires pour le créer et l’utiliser de manière combinée.

Nous sommes heureux de vous proposer dans ce cadre un dossier qui, sans pouvoir tout balayer, le sujet étant tellement vaste, cherchera davantage à questionner des inventions emblématiques, pour certaines peu connues du grand public. Les wunderwaffen, ces armes du IIIème Reich données comme miraculeuses par la propagande des services de Goebbels, occuperont d’ailleurs une place importante de ce dossier. Après de grandes campagnes hitlériennes privilégiant plutôt la quantité sur la qualité, et face à une masse continentale soviétique que rien ne semble pouvoir arrêter, le régime nazi paria sur l’avènement d’armes technologiques qui devaient inverser le cours de la guerre. Un exemple qui illustre parfaitement ce moment où l’arme de rupture devient un but dans la guerre au service des buts de la guerre.

Si Vis Pacem Le marquis de Seignelay

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