La technologie des armes repose essentiellement sur deux procédés : atteindre un objet avec un projectile (flèche, boulet, obus, balle, etc) ou le soumettre à une brutale émission d’énergie thermique (armes à énergie dirigée). À ce jour, les lasers de combat demeurent confinés à la R&D militaire, à des démonstrateurs et à la science-fiction. En quelques lignes sobres, nous comprendrons pourquoi le phaseur du Capitaine Kirk et les canons laser de Star Wars relèvent toujours d’un mythe…

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1. La consommation énergétique

Toute arme à énergie dirigée (laser, faisceau de particules, micro-ondes) exige une grande quantité d’énergie et donc une volumineuse batterie qu’il faut remplacer ou recharger, à l’instar d’un stock de munitions classiques. Un seuil minimal de 100 Kw est nécessaire afin qu’un pistolet/fusil laser soit véritablement destructeur ou létal. En-deçà, il ne sera qu’un gros pointeur capable d’endommager irrémédiablement un oeil humain ou des systèmes opto-électroniques. Par ailleurs, le canon d’un pistolet/fusil laser produira et dégagera une très forte chaleur et devra intégrer une technologie supraconductrice ou un système de refroidissement également très énergivore.

En l’état actuel de la technologie, le fantassin au laser devra se déplacer avec une énorme batterie dans son dos, réduisant considérablement sa mobilité et augmentant drastiquement sa signature visuelle et thermique. Ses ennemis munis d’armes à feu s’en donneront à coeur joie…

2. Le blooming

Les lasers de forte puissance convertissent l’air traversé en plasma, d’où une réfraction et une dispersion énergétique de leurs faisceaux – communément appelé blooming, d’autant plus importantes dans le brouillard, la fumée, la poussière, la pluie et la neige. Dans de telles conditions, Mr Spock ferait mieux de se munir d’un pistolet HK USP et d’un fusil d’assaut AK-47. En outre, compte tenu de la vitesse des balles (de 500 à 900 m/s), les armes à feu – de surcroît équipées de systèmes de visée sophistiqués et chargées de munitions intelligentes – offrent une précision et un impact quasi instantanés et donc une efficacité plus que suffisante sur un champ de bataille où les distances usuelles s’étendent jusqu’à un peu plus d’un kilomètre.

3. La prise en main

Fondamentalement, les lasers à onde courte causent plus de dommages sur une petite zone mais requièrent une grande précision de tir tandis les lasers à onde longue infligent moins de dégâts sur une vaste zone mais permettent un ciblage plus facile. D’une certaine façon, les premiers sont comparables au fusil de précision d’un sniper, les seconds au fusil de chasse de votre oncle.

Un pistolet/fusil laser pleinement opérationnel doit neutraliser sa cible sur un champ de bataille sans trop de difficultés en délivrant plusieurs impulsions de puissances différenciées (ondes courtes et longues) et espacées de quelques millisecondes, toutes concentrées sur une seule et même zone. Un tel exploit exigeant une attention, une fermeté, une dextérité et une rapidité proprement électroniques, n’est guère à la portée d’un tireur humain a fortiori sur des cibles mouvantes… pour peu que l’arme soit équipée de systèmes de visée et tir assistés qui font toujours rêver les ingénieurs en armement.

Le vrai laser de combat étant invisible – contrairement aux rayons rouges, verts ou bleus émis par les armes de la science-fiction, le fantassin aura d’autant plus de mal à ajuster son tir et un faisceau lumineux traceur (évoquant les balles traçantes d’une arme à feu) ne fera qu’augmenter la consommation énergétique de son fusil.

Les chercheurs du MIT, de l’US Army et de l’US Navy contournent passablement ces multiples difficultés techniques (énergie, ciblage) en recourant à des impulsions très courtes de petits faisceaux lasers très concentrés et de facto faiblement affectés par le blooming. Parallèlement, les électrolasers émettant une puissante charge électrique à travers le faisceau généré sont également moins sujets au blooming.

Toutefois, ces lasers ne sont guère adaptés à des armes personnelles du fait notamment de leur contraintes énergétiques et d’une ergonomie nettement moindre que celle des armes à feu, mais se révèlent plus prometteurs sur des plate-formes terrestres ou maritimes qui seront abordées dans le prochain volet.

Charles Bwele, Electrosphère

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