En décembre 2014, l’US Navy a présenté le LaWS, laser de combat embarqué redoutablement efficace contre les embarcations légères et les drones, qui préfigure probablement une rupture technologique, économique et tactique dans la conception et l’utilisation des armes à énergie dirigée.
Le Laser Weapon System est un laser rotatif de combat asservi à la tourelle d’acquisition et de poursuite de cibles initialement intégrée au Phalanx, fameux système de défense anti-missile rapprochée (CIWS : Close-In Weapon System) et embarqué sur de nombreux bâtiments de surface de l’US Navy. Ce système est contrôlé par un opérateur de tir grâce à une manette évoquant grandement celle d’une console de jeu Playstation / Xbox.
La combinaison du LaWS et d’un système de défense éprouvé compense remarquablement les difficultés de ciblage et d’impact inhérentes aux armes laser, brièvement évoquées dans le volet précédent. En effet, l’énergie cinétique d’un projectile (tiré par une arme à feu) et/ou le souffle de son explosion endommage sévèrement l’objet visé, pour peu que le ciblage soit suffisamment précis. Dans le cas d’un laser de combat au faisceau concentré, un ciblage ultra-précis est nécessaire pour neutraliser ou détruire l’objet visé. Ainsi, un laser ne fait guère “sauter” un bâtiment ou un véhicule mais pulvérise instantanément une tête humaine ou perfore le moteur d’une embarcation légère à plusieurs kilomètres de distance en épargnant les objets environnants.
Dans cette vidéo diffusée par l’US Navy, le laser de combat “flambe” un drone en vol, détruit la charge explosive d’une roquette installée sur un zodiac et carbonise la tête d’un mannequin d’essai à environ 2 km de distance.
[embed]https://www.youtube.com/watch?v=D0DbgNju2wE[/embed]Ce n’est guère un hasard si le LaWS a été déployé et testé à bord de l’USS Ponce, vaisseau amphibie et porte-hélicoptères naviguant dans le Golfe persique. Dans ces eaux à haute tension, une Mobile Landing Platform (ou MLP, cousine américaine d’un Bâtiment de Projection et de Commandement français comme le Tonnerre ou le Mistral) est complètement démunie face à des menaces asymétriques en mer ou dans les airs. Afin d’assurer leur défense contre un essaim d’embarcations légères ou de petits aéronefs, les bâtiments de surface tels que les frégates, les croiseurs, les destroyers et les porte-avions doivent recourir à des missiles intercepteurs coûtant plusieurs dizaines ou centaines de milliers de dollars l’unité.
D’où le développement du LaWS qui ne coûte que 59 cent$ par tir et ne requiert qu’une vingtaine de minutes pour être rechargé à 80% de sa capacité énergétique totale. Du fait de sa puissance limitée à 30 Kw et de sa consommation énergétique, le LaWS ne remplace pas pour autant les armes conventionnelles et ne modifie pas les règles d’engagement de la bataille navale. Il en sera peut-être autrement en 2017 lorsque l’US Navy mettra en service un laser de combat d’une puissance de 100-150 Kw, capable de transpercer la coque d’un navire ou d’abattre un missile / un avion lancé contre un bâtiment de surface.
Une frégate, un croiseur, un destroyer ou un porte-avions ne dispose que d’un nombre limité de missiles et est tenu d’optimiser leur usage face à une multiplicité de menaces maritimes ou aériennes. En réalité, le commandant de bord et ses missiliers sont aussi des gestionnaires de stocks. À quoi bon gaspiller un missile à 150 000 dollars contre un drone ou un zodiac lorsqu’un ou plusieurs lasers à 59 centime$ par tir sont en veille ? Dans l’hypothèse d’un groupe naval muni de plusieurs LaWS, les bâtiments de surface peuvent forger des “tactiques laser de groupe” et, consécutivement, augmenter significativement leur puissance de feu globale. Parallèlement, les multiples fonctions d’attaque et de défense (combat de surface, lutte anti sous-marine, défense anti-aérienne, etc) seraient mieux réparties et coordonnées entre / au sein des différents bâtiments du groupe et réduiraient peu ou prou la nécessité d’une escorte.
En-deça de ces perspectives prometteuses, d’autres éléments incitent à la pondération. Le LaWS à 30 Kw et celui à 150 Kw ne sont que des démonstrateurs. Leurs systèmes de refroidissement et leurs systèmes électriques doivent être considérablement améliorés avant qu’ils figurent dans l’armement standard de l’US Navy. Or, l’histoire militech démontre que le temps et les budgets jouent rarement en faveur des systèmes d’armes laser car trop complexes, trop énergivores et trop onéreux, en l’état actuel de la technologie. Que sont devenus l’Initiative de Défense Stratégique – ou “Guerre des Etoiles” – et les lasers anti-missiles ou tactiques aéroportés (Boeing Yal-1 Airborne Laser, Aero-adaptive Aero-optic Beam Control, Advanced Tactical Laser) ?
Outre les contraintes techniques et économiques, la portée maximale du LaWS – installé sur une plate-forme à 15 mètres au-dessus du niveau de la mer – est celle de la ligne d’horizon soit 13 km… ou plutôt du celle champ visuel de l’opérateur de tir augmentée par les systèmes de visée. Dans la tactique navale, cette distance relève littéralement du combat rapproché, et ce, compte tenu de la vitesse d’un missile, d’un drone, d’un avion ou d’une vedette. Par ailleurs, les armes laser sont hautement tributaires des conditions atmosphériques (brouillard, pluie, neige, humidité, fumée, poussière) et des contre-mesures (camouflage, leurres, revêtements diffusant la chaleur ou la lumière) permettant aux vaisseaux d’échapper quelque peu à la visée de leurs assaillants ou de réduire l’impact des tirs ennemis.
Last but not least, l’US Navy n’est pas à l’abri d’un scénario de rattrapage technologique. Au cas où les lasers de combat figureraient dans son armement standard, des moyennes ou grandes puissances navales (Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Israël, Inde, Japon, Corée, etc) se rueront dans une course aux armement laser et dans le développement forcené de contre-mesures appropriées, annulant rapidement l’avantage initial de la marine américaine.
Dans le jeu des puissances militaires, celles dépourvues d’armes nucléaires, de défenses anti-missile, de sous-marins d’attaque, de drones aériens ou (sous-)marins et de lasers de combat se verraient déclassées ou seraient considérées comme des acteurs mineurs.
Charles Bwele, Electrosphère
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Ces armes annoncé depuis les années 60 sont en enfin en service plus de 30 ans après les premières prévision ? Le futur est en retard 😉
Salut Fréderic,
Tu as raison, la technologie est bien plus en avance que la plupart des gens ne le pense. Pour ceux qui connaissent le projet MONTAUK et les voyages dans l’espace niés par la NASA mais contrôlé par la NSA, on est vraiment pris pour des imbéciles. Le monde fonctionne sur 2 mode de vitesses, il y a la conventionnelle et la marginale. On pourrait y rajouter la présence des OVNIS et les visiteurs extra terrestres qui font partis de notre vie. Beaucoup de choses sont ignorées par la population mondiale. On est dans la matrice. Amitiés !