Procédons chronologiquement. Ce qui me fascine le plus, c’est le Bonaparte des débuts. Le reste est moins convaincant. Aussi ai-je immédiatement acquis le Tome 3 de la série écrite et dessinée par André Osi, qui retrace la vie de Napoléon. Une série qui devrait se composer d’une vingtaine de volumes. Remarquable d’un point de vue historique. Le tome 3 traite de la campagne d’Italie (du moins la première partie), le moment militaire le plus impressionnant du jeune général, parti avec une petite armée, non équipée, destinée à faire diversion par rapport à l’effort principal engagé au nord des Alpes par Moreau. Avec ce ramassis de va-nu-pieds il réussit à franchir la porte de Vintimille, à progresser le long de la côte ligure puis à se retourner vers le nord pour prendre Turin, enfin partir plein ouest direction Milan. On connaissait ses batailles, mais Bonaparte signe là une campagne qui va durer plusieurs années. Il emporte la décision tandis que Moreau s’englue sur le Rhin.
Voici donc la conquête lombarde. On sent qu’Osi n’est pas dessinateur de métier ce qui n’empêche pas rigueur et précision dans les détails ainsi qu’une bonne maîtrise des paysages : le résultat n’est donc pas déplaisant pour les amateurs de dessin, il ravira les amateurs de précision historique (je n’en suis pas mais remarque, à deux ou trois détails, que l’auteur a fait des recherches poussées pour être exact). Enfin, on comprend les manœuvres et l’incroyable vista de ces soldats révolutionnaires qui allaient installer leur général au faite du pouvoir.
Plus tard, bien plus tard, une autre campagne se déroule et se clôt par un échec : la campagne de Russie ou, plus exactement, la retraite. Voici alors une BD de fiction imaginée par le toujours excellent Patrick Ordas (les lecteurs de ce blog connaissant la série Ambulance 13). Pour réussir à s’enfuir et déjouer les complots, on trouve un sosie de l’empereur qui reste avec le gros des troupes, pendant que Napoléon, accompagné d’une suite réduite, progresse en avant du gros. Pas de chance, le voici bloqué dans une ferme, au milieu de l’hiver. Voici un fort Alamo où les cosaques remplacent les Indiens et la neige le désert. Rebondissements et héroïsme se conjuguent.
J’ai beaucoup apprécié le dessin de X. Delaporte, qui m’a fait penser au trait de Gillon, avec beaucoup de trames qui donnent une autre allure que l’habituelle ligne claire qui orne la BD historique.
A. Le Chardon