Tout commence en 1967, en Alabama, où deux amis d’enfance, l’un riche, l’autre pauvre, se trouvent engagés dans la guerre du Vietnam. L’un par goût de l’aventure, l’autre pour échapper à la prison, l’un dans l’armée de l’air, l’autre dans l’infanterie.

On les suit à leur arrivée là-bas, leur incorporation, leurs premiers combats, leur transformation. Tous deux se décident à aller vers des unités plus péchues.

C’est l’histoire de la transformation d’hommes par la guerre. Non pas des héros attendus et infaillibles, mais des hommes avec leurs qualités et leurs défauts. Pour autant, l’auteur évite un biais souvent observé dans les BD modernes, celui du héros qui a une faille interne dont il ne se remet pas et qui est révélée peu à peu. Procédé désormais trop classique et qui n’est pas utilisé ici. D’ailleurs, leur physique n’est pas celui du mannequin habituel, ils ont du caractère sans être des couvertures de magazine.

Le rendu des combats est très bien fait et il est heureux de montrer à la fois le combat vu des airs et celui au ras du sol, également dangereux. De même, tout est vu du côté de Américains, suggérant l’incompréhension de l’ennemi mais aussi de la population. On pourra s’en désoler mais le parti-pris est cohérent avec ce que l’auteur veut montrer, sans pour autant « dénoncer » ce qui n’a plus besoin de l’être. Cette distance est justement ce qui rend la BD convaincante, dans une sorte de neutralité qui évite la moraline d’un côté, la propagande de l’autre : juste l’histoire de deux gars plongés dans un environnement spécial, celui de la guerre, celui de cette guerre.

Misty mission par Michel Koeniguer, éditions Paquet, collection cockpit.

Le Chardon.