Voici le début d’un long article d’un auteur invité qui sera publié en 5 épisodes, et qui donne un éclairage singulier sur des faits récents de contre-terrorisme.

Source.

Introduction

La France est un pays paradoxal.

Prêt à vouer aux gémonies (ou aux flammes de l’enfer, c’est selon) le Calife et ses sicaires qui se sont attaqués à Charlie Hebdo, promu par la grâce du même Calife au rang de patrimoine national, au nom de la liberté de critique et de blasphème.

Mais prompt à réprimer, par la bouche du ministre de l’Intérieur, déjà en poste au moment des attentats, toute personne qui oserait s’en prendre aux forces de l’ordre, plus particulièrement à la façon dont les troupes dites d’élite ont mené les opérations (pompeusement qualifiées d’assaut) contre des terroristes à l’intelligence comparable à celle d’un cendrier vide si l’on en croit un de leurs défenseurs1.

Un autre paradoxe national est que pour la première fois où nous serions « en guerre », il nous serait interdit de critiquer les « combattants » agissant sur la « ligne de front ». Pourtant, le terreau anti-militariste national, assumé et revendicatif à gauche mais honteux et méprisant à droite2, plaide l’inverse. Puisque la France est en guerre, toute bonne conscience a le droit, même le devoir de parler d’un sujet qu’elle ne connaît point.

Les (de plus en plus rares) anciens d’Indochine et d’Algérie qui ont mené sur ces territoires perdus de la République des « sales guerres » pourraient en témoigner.

Ceux qui ont porté des valises de billets alors que leurs pairs réclament depuis un moment que les événements d’Algérie soient rebaptisés « guerre » (au fait, cela en ferait-il alors des traîtres ?) ne se sont pas non plus privés de dénoncer la torture « systématique » et les méthodes expéditives des corps expéditionnaires.

Plus près dans le temps, les militaires en place au moment de l’embuscade d’Uzbin (Afghanistan) ont été amplement critiqués, jusques et y compris par des non militaires qui n’ont jamais mis les pieds sur le sol Afghan, et n’ont jamais tenté de monter une embuscade, même à l’entraînement. Une convocation chez le juge a même été offerte à certains des protagonistes de l’embuscade afghane…

Mais bon. Ce qui est admissible pour les militaires est intolérable pour la police, puisque dans une superbe interview3, le patron du RAID déclare que cette polémique est « intolérable ». Circulez…

Foin d’interdiction de critique donc !

Si besoin était, le slogan « je suis Charlie » viendra à ma rescousse pour, non pas publier un tract cégétiste rappelant certains comportements peu éthiques récents, mais irrespecter cette interdiction ministérielle et faire entendre une voix discordante mais mélodieuse (ou mail- odieuse ?).

Et si l’état d’urgence est instauré, la censure ne l’est pas encore, donc profitons-en !

Au fait, maintenant.

Les attentats qui ont eu lieu sur le sol national ont prouvé que la protection de notre pays était faillible. Constat banal, valable en tout temps. Pour y remédier, l’État a instauré l’état d’urgence, puis prouvé qu’il ne savait comment en sortir. Cette impression a été corroborée par de récentes fuites selon lesquelles il serait prolongé jusqu’à l’Euro inclus pour prévenir la commission d’attentats durant cette période.

Alors qu’il avait été instauré pour combattre la menace terroriste, cette probable prolongation laisse donc penser qu’il n’a servi à rien pendant ce temps s’il faut encore le subir. L’on peut donc se demander l’utilité de l’état d’urgence si, malgré lui, la menace terroriste s’accroît4.

Cette légitime interrogation en appelle d’autres, tout autant relatives à la sécurité de la Nation. Les forces d’intervention qui ont mené les opérations contre les terroristes sont-elles vraiment aussi efficaces qu’on le dit et le répète sans cesse ?

Si l’on compare les immeubles dans lesquels les sicaires du Califat étaient retranchés, tant en Belgique qu’en France, l’état du gros œuvre post opératoire montre qu’il semble que les modalités tactiques diffèrent entre la Gaule française et la Gaule belgique.

Dit autrement, il vaut mieux être propriétaire en Belgique qu’en France…

Puisque la sécurité est l’affaire de tous, l’objet de cet article est d’analyser les récentes opérations anti-terroristes pour apporter une modeste pierre à cet édifice anti-terroriste que le monde entier nous envie si l’on en croit les allusions de nos ministres et députés. À l’instar de la sécurité sociale (en déficit) ? D’EDF (qui doit être recapitalisé) ? Ou de l’Éducation Nationale et son taux soviétique de réussite au bac ?

Ce questionnement est d’autant plus pertinent que les opérations (principalement du RAID et de la BRI) sont mises en exergue, alors qu’elles ne sont que le maillon final d’une action policière qui mériterait d’être valorisée (lorsque cela se termine bien). Les Belges, si décriés par un ancien spécialiste de l’anti-terrorisme passé depuis dans la représentation nationale5 nous le rappellent à voix (très) basse : à aucun moment nous n’avons vu les chefs de leurs unités d’intervention parader devant les médias. Pourtant, Salah A était activement recherché, ils auraient donc pu en tirer une fierté tout aussi légitime que nos deux divas des médias (I-Télé, BFM, etc.). Mais il est vrai qu’en choisissant de ne pas transformer leurs force d’intervention en unités de recherche et destruction, ils ont pu préserver des indices dans les locaux fouillés, tirer le fil de la pelote jusqu’à ce que… bonne pioche !

Nous verrons donc, tout au long de ces lignes, quelques leçons tactiques qui pourraient (ou auraient pu) être tirées de ces interventions, une réflexion sur l’environnement de ces opérations, quelques-unes relatives à la communication, et enfin quelques recommandations. Ceci afin de remédier à plusieurs fiascos, bien de chez nous, d’où le fiasco(q)s du titre, leur abondance justifiant le terme de stock.

A suivre…

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