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Un grand pays doit envoyer des hommes dans l'espace - EchoЯadar

Ça y est, le français Thomas Pesquet a débuté sa mission de six mois dans la Station Spatiale Internationale, en orbite à 400 km au dessus de nos têtes. Cela faisait presque une décennie qu’un français n’était pas allé dans l’espace. Voilà un écart de temps bien trop long.
[caption id="" align="aligncenter" width="640"] Les 10 spationautes français. Vincent Capman pour Paris Match. [/caption]
C’était le « buzz » de la semaine – malgré la grosse actualité politique – le départ de Thomas Pesquet pour la station spatiale internationale, l’ISS. Le lanceur russe avec à son bord la capsule Soyouz et les trois astronautes (une américaine, un russe, un français) a décollé de Baïkonour au Kazakhstan jeudi à 21h20, sans aucune difficulté.
S’en sont suivies 48H de vol pour « rattraper » l’orbite de l’ISS, puis enfin, après une délicate manœuvre d’abordage… c’est le contact ! Et l’accueil des nouveaux arrivants par les trois astronautes déjà présents.

Comme je le disais, cela faisait presque une décennie qu’un français (Leopold Eyharts) n’était pas monté à bord de l’ISS, ou même allé dans l’espace tout simplement. Il était donc temps !

Car oui, il est selon moi inconcevable qu’une grande nation – ou du moins qui se revendique comme telle – membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies, et qui plus est sur le podium de celles qui investissent le plus dans les programmes spatiaux… n’envoie pas régulièrement des hommes dans l’espace.

Au niveau des agences spatiales, la NASA possède un budget de quasiment 20 milliards de dollars, quand l’Agence Spatiale Européenne dispose en 2016 de 5,25 milliards d’euros. Le CNES français, dont le budget est de 2,1 milliards d’euros, en reverse 718 à l’ESA.
 
Pour se faire une idée, dans un cas comme dans l’autre, nous sommes très très loin des budgets de défense par exemple, ou de la dette.
La défense est cependant très impliquée dans le spatial avec des budgets propres via les domaines de la dissuasion nucléaire, ou de la communication et du renseignement satellitaire.
Des recherches, des opérations, qui irriguent depuis l’origine les programmes spatiaux civils, puis ont des retombées dans l’économie réelle (voir le salon Medispace bientôt à Bordeaux). L’espace est à ce titre est très bon exemple des applications duales de technologies militaires. C’est indéniable.
Mais revenons à nos spationautes (ou astronaute, ou cosmonaute. Le terme compte en géopolitique !). On touche ici à une sorte de prestige, de rayonnement international, le type d’aventure exceptionnelle qui implique des décisions politiques avant-gardistes, courageuses, comme autant de prouesses scientifiques… ainsi qu’un enthousiasme populaire tout à fait réel, quantifiable. Il n’y a qu’à voir l’emballement médiatique et public qui entoure la mission de Thomas Pesquet en France. L’espace fait donc encore rêver. Cela, les agences spatiales l’ont bien compris en maximisant au possible le buzz autour de leurs missions, l’idée étant de faire revivre les plus belles heures de la conquête spatiale de la Guerre Froide, et ainsi grâce à l’opinion publique tenter de sanctuariser leur budget face à des décideurs politiques plus préoccupés par le bon vieux « plancher des vaches ». Nous y reviendrons. Je conseille sur ce sujet un récent article de Slate.fr: « Pourquoi les agences spatiales font de leurs astronautes des stars ? ».
Pourquoi la France et l’Europe n’ont pas misé sur le vol habité ?
La légendaire et très fiable capsule russe Soyouz
Une question souvent posée est la suivante: si la France – disons maintenant l’Europe incarnée dans l’ESA – a su développer la superbe famille des lanceurs Ariane, pourquoi ne dispose t-elle pas de moyens capables d’envoyer un équipage dans l’espace ? L’Europe, en tant qu’entité géographique est entrée dans l’histoire des vols habités grâce au cosmonaute tchécoslovaque Vladimir Remek en 1978, au sein du programme soviétique de partenariats  Interkosmos. La même année c’est un polonais, Miroslaw Hermaszewski, qui prit part à la mission Soyouz 30. Puis l’allemand Sigmund Jähn à bord du Soyouz 31. Il fallut attendre le 24 juin 1982 pour que le premier astronaute d’Europe occidentale, le français Jean-Loup Chrétien, prenne place  à bord d’un Soyouz T-6 à destination de la station Saliout 7. Un an plus tard, en 1983, l’Europe faisait un pas de géant sur la scène des vols habités grâce à son propre laboratoire orbital Spacelab… envoyé en mission dans la soute de la navette spatiale américaine Columbia du 28 novembre au 8 décembre 1983… Je m’arrête là. Vous l’aurez compris, seuls, les pays européens ne pèsent rien. A travers l’ESA, ils peuvent développer des programmes ambitieux mais sont depuis l’origine dépendants soit des russes, soit des américains. Ceci s’explique tout simplement par des raisons budgétaires, l’ESA devrait bénéficier d’un budget au moins doublé pour pouvoir s’aligner sur les normes techniques, de fiabilité notamment, qu’impliquent les vols habités. Aussi, il aurait dès l’origine fallu disposer d’une unité politique, d’une vision stratégique qui n’existe toujours pas en Europe, y compris au sein de l’Union. Une politique stratégique qui a animé les deux superpuissances de la Guerre Froide, les poussant à innover jusqu’à l’usure… mais dont les acquis et le rayonnement demeureront historiques.
Une donne qui pourrait cependant changer ! Bien consciente de ses lacunes, l’ESA travaille avec l’aide des plus grands industriels du continent, Airbus DS en tête, sur le développement de technologies pour ses propres vols habités. Après tout si des privés comme SpaceX ou Virgin Galactic peuvent se permettre de l’ambitionner à court terme, pourquoi pas l’Agence Spatiale européenne ? C’est ainsi qu’en février 2015, lancé depuis la base de Kourou (Guyane Française) via une fusée Vega, « IXV », le prototype d’avion spatial européen a volé 100 minutes au dessus du cercle arctique avant d’atterrir dans l’Océan pacifique. Une première.
Le démonstrateur de l’ESA « IXV »
IXV ou « Intermediate eXperimental Vehicle » vise à avancer sur un futur vaisseau habité européen. Il devrait d’abord passer par la phase « dronisation », éventuellement se voir ajouter des ailes… L’Europe pourrait donc bien à l’horizon 2030 disposer de son propre véhicule spatiale. 2030, une décennie qui verra justement venir des échéances historiques. Mars: équipage international ou nouvelle lutte entre hyperpuissances, il faudra bientôt choisir
La nouvelle capsule américaine Orion devrait être opérationnelle entre 2021 et 2023
Le – nouveau – contexte international après l’élection présidentielle américaine nous laisse avec nombres de questions: qu’en sera-t-il des grands projets pour l’espace ? Le vaisseau de la NASA Orion sera opérationnel au plus tard en 2023 et permettra aux USA de regagner leur indépendance en terme de vols habités (perdue depuis l’arrêt des vols de la navette spatiale en 2011). Réutilisable, il pourra transporter quatre personnes pour une mission de trois semaines au-delà de l’orbite terrestre basse et jusqu’à six personnes en orbite basse.
De quoi reprendre les vols habités mais aussi… faire partie de la grande mission vers Mars.
Le futur de cette mission sur Mars est aujourd’hui pour le moins en suspens du côté de la NASA. Donald Trump a plusieurs fois reconnu publiquement que la conquête spatiale faisait partie de l’ADN de son pays, la plaçant bel et bien comme un enjeu de puissance. Nous sommes donc là dans le spectre du « Make America Great Again », le slogan de campagne du nouveau président américain.
Seulement voilà, Donald Trump, fiché comme « anti-sciences », a aussi précisé à chaque fois que les lourdes dépenses liées à l’espace passeraient au second plan après la remise sur pied du pays: « Ce sont des choses fantastiques, mais comprenez bien, nous avons aussi des routes à reconstruire ».
Aussi certains pensent que la grande mission américaine sera d’abord la Lune. Ce que prévoyait Georges W. Bush avant que Barack Obama ne relance – timidement – l’objectif Mars.
En bref, comment atténuer les coûts d’un tel programme ?
Un hypothèse de mission conjointe USA/Russie existe dans les cartons. Elle n’est pas irréalisable quand on imagine ce possible dégel des relations prôné par le nouveau président Trump. Elle laisserait cependant la Chine – et sa mission lunaire – sur le carreau, au deuxième rang.
Mais pourquoi ? Pourquoi ne pas d’ores et déjà planifier une mission vers Mars qui associerait les grandes nations spatiales. Certes les places seront très chères (un équipage de 5 ou 6 personnes maximum), mais cette mission enverrait un formidable message. Bien évidemment, le lead reviendrait au binôme précité, mais l’Agence Spatiale Européenne, tout comme la Chine, pourraient y placer des scientifiques (remarque: on trouve de moins en moins de militaires chez les astronautes).
Pourquoi ne pas également y intégrer une puissance émergente – du « sud » – telle que l’Inde ?
L’ISS est officiellement en opération jusqu’en 2024. Avant la fin de cette formidable aventure viendra pour des nations cadres comme la France, non dotées de leur propre programme de vol habité, la question de savoir comment celles-ci pourront encore envoyer des hommes dans l’espace, et pour quelles missions. On parle bien ici de l’ambition obligatoire de tout pays se réclamant du titre de grande puissance.
Thomas Schumacher, Pax Aquitania.
TThomas Pesquet, à bord de l’ISS, ce lundi 21 novembre 2016.
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