Un nouvel accident s’est produit à bord du croiseur porte-aéronefs Kuznetsov : un Su-33 a manqué son arrêt complet à bord et est tombé à la mer. Si le pilote est sain et sauf une nouvelle fois – démontrant les qualités du SAR russe -, la crédibilité opérationnelle du GRAN et de son groupe aérien embarqué est atteinte.
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Le porte-aéronefs russe peut-il être regardé comme un navire de combat opérationnel ?
4 novembre 2016 : un Mig-29KR, une des quatre machines de ce type à bord, se perd en mer, son pilote parvient à s’éjecter. Plusieurs causes potentielles sont avancées dont un des brins d’arrêt du pont d’envol. Le temps d’entraînement des pilotes de l’aéronavale russe était, et il faut le dire, réputé extrêmement court pour apprendre à manier la machine depuis le pont plat russe. En tous les cas, un tel accident n’est pas l’apanage de la seule marine russe : un pilote chinois était victime d’un accident mortel en juillet.
Jane’s, à partir d’une image satellitaire (cf. un précédent billet), découvrait les huit Su-33 sur la base aérienne de Humaymim dans la région de Lattaquié. Où sont les Mig-29K ? Les Ka-52K ? Il est courant de voir le passage d’aéronefs du groupe aérien embarqué d’un porte-aéronefs ou porte-avions à terre, pendant une mission, en raison… d’une urgence aéronautique. Mais pas pour débarquer la presque totalité de ce groupe aérien embarqué… sauf si la plateforme navale est indisponible (?).
Ce taux d’attrition est peu supportable alors que le groupe aérien embarqué russe s’est réduit, en trois semaines, de 12 à 10 chasseurs embarqués (3 Mig-29KR, 7 Su-33 au 5 décembre). À ce rythme des opérations aéronavales, le groupe aérien embarqué perdrait la totalité de ses chasseurs embarqués sous sept mois. La chaîne de production du Su-33 est arrêtée et les cellules des exemplaires en service vieillissent inexorablement. Il y a trop peu de pilotes qualifiés sur Mig-29K.
Il faudrait alors en conclure que l’état opérationnel du croiseur porte-aéronefs Kuznetsov est plus que douteux par la seule défaillance de cette installations vitale pour la mise en œuvre des aéronefs à voilure fixe. Dans cette perspective, et depuis cette avarie, il ne peut qu’être réduit à un hybride entre le transport d’aviation et le porte-hélicoptères. Au demeurant, ces derniers ne semblent pas opérer depuis le bord. Dans cette perspective, la diplomatie navale russe perd en crédibilité et ce n’est camouflé que par le sort de la bataille d’Alep.
Logiquement, un navire non-opérationnel sans utilité directe pour les opérations aurait vocation à rentrer au port en Russie pour débuter sa refonte. Diplomatiquement, l’échec serait total.
La refonte du Kuznetsov devient urgente. Aujourd’hui, il y a matière à se demander si la Chine qui a acquis les mêmes compétences aéronavales que la Russie sur un temps plus court n’aurait pas, à travers le sistership du Kuznetsov, un outil plus crédible opérationnellement.
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