Le matin de la création du cosmos et du grand univers, Mana a revêtu sa grande robe de lumière. Elle s’est parée de pierres précieuses brillantes et multicolores. Juchée sur le balcon de la céleste voûte, elle contemple les étoiles, innombrables et minuscules flambeaux qui s’éteignent dès que le jour se lève, à l’aube. Ravie et contemplative, elle appelle les tambours Haïtiens pour accompagner sa transe.

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Les musiciens jouent à en perdre haleine et le chef de la tribu clame qu’il faut aussi, en plus de regarder le haut, regarder le bas. Mana penche son visage et ses yeux pour regarder cette fois-ci les mers, les océans, les montages et les déserts, les forêts mais aussi tous les animaux qui peuplent la Terre.

Elle décide de créer l’espèce humaine car tout cela est vide de vie.

La musique s’amplifiant, la voici très inspirée. Elle attrape de la terre et de l’eau, et fabrique deux corps et quatre membres puis deux têtes. Puis elle pose la créature androgyne sur le sol.

La créature fraîchement créée se met à bouger avec grand fracas. Elle danse et chante sur les chants Haïtiens. Mais elle va si vite que Mana se met à paniquer car la créature se duplique et elle craint que la Terre ne soit trop petite pour accueillir tout ce nouveau monde.

Mana sort sa machette et coupe l’œuvre originelle en deux. Divisée en mâles et femelles, les créatures se tiennent sur leurs pieds et se mettent à courir en tous sens. Mana ne sait pas où elles vont ! En réalité, chacun cherche sa moitié, celle qu’on lui a enlevée.

Mais il y a tellement de clones de la créature primordiale qu’il ne faut pas se tromper. Car lorsqu’on se trompe, c’est la déveine, mais lorsqu’on on la trouve, c’est un accès au monde divin car elles sont prêtes au travail.

Observant toutes ces créatures qui courent sur le monde, elle observe un couple qui se rapproche d’elle. Ils ne sont pas faits de matière épidermique et dermique, mais uniquement de lumière.

Mais on les a surpris à désirer, sans foi ni loi, à aimer bestialement les choses du monde et soudain, ces Êtres de terre et d’eau ont ressenti des émotions qu’on appelle dans le monde humain “honte, envie et jalousie”. Les sentant perdus, elle se rapproche d’eux. Ils sont tellement malheureux qu’ils arrachent des feuilles d’arbre pour cacher leurs corps de lumière qui se matérialisent lentement mais sûrement, jusqu’à devenir durs, gris et puants.

Ils demandent à Mana : “que pouvons-nous faire? Nous sommes malheureux car nous sommes prisonniers de ces nouvelles passions ! Aide-nous ! Car nous nous sommes trouvés et nous nous aimons, mais nous sommes dans l’amertume, le souffre et la destruction !”.

Mana a ordonné que les tambours haïtiens cessent car elle a besoin de se concentrer, puis elle répond : “Maîtrisez vos pulsions, inscrivez-vous dans la droiture, dans l’engagement et dans la loyauté. Ne pensez-pas qu’assouvir vos passions, vos viles pulsions de honte, jalousie et envie vous construirons, car elles vous détruiront sur le long terme. Travaillez sur vous sans relâche et perfectionnez-vous ! Alors vous redeviendrez des Êtres de lumière et vous serez là pour éclairer le monde, le respecter le faire fructifier !”.

Dr. Isabelle Tisserand, anthropologue

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