« Je suis Pilgrim » est un roman policier exceptionnel et palpitant dont l’écriture transmet un suspense nerveux et tendu. Débutant au moment des attentats du 11 septembre 2001, ce thriller nous transporte des États-Unis au Moyen Orient (Turquie, Arabie Saoudite, Afghanistan et Syrie) en passant par l’Europe, à Florence et à Paris.
On y suit l’enquête par un ancien agent secret américain d’un meurtre qui apparaît au premier regard insoluble.
Sans dévoiler les différents rebondissements de cet ouvrage, il est également question de la préparation d’un projet terroriste biologique. Brossant très subtilement le cheminement intellectuel et les émotions du terroriste, le roman dépeint avec précision la possibilité, techniquement crédible même si le risque semble actuellement faible, de mettre en œuvre un attentat biologique de grande ampleur.
La mise en exergue d’un possible attentat terroriste biologique permet de nous interroger aujourd’hui sur l’état de la menace terroriste biologique ou chimique, comme on en trouve aussi l’écho dans une fiction du romancier français D.O.A.
Les médias ont récemment relayé des préoccupations publiques que la technique scientifique de découpage de l’ADN aussi dénommée « CRISPR Cas 9 » pourrait être détournée à des fins terroristes. En effet, cette découverte scientifique inédite, la technique de découpe de l’ADN, permet d’inactiver un gène, de le remplacer ou de modifier son expression. Il est désormais possible de créer des vaches laitières sans corne ou encore de rendre stérile les moustiques porteurs du paludisme.
Dans le même temps cette biotechnologie peut, si elle est détournée à des fins malveillantes, devenir une véritable arme de destruction massive notamment en modifiant et en insérant un gène toxique dans un aliment vendu à grande échelle. Le biohacking existe et il suffit d’acheter sur Internet un « kit CRISPER » pour modifier une bactérie.
Ce cas rejoint les autres sujets d’inquiétude comme celui généré par les stocks d’armes chimiques localisés en Syrie et détenus potentiellement par l’État islamique afin de réaliser un attentat avec une bombe radiologique dite sale. Cela pose plus généralement la question des menaces terroristes nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques (NRBC). Ces dernières ne doivent pas être sous estimées car ce mode d’action technologique est tout à fait envisageable, au regard de la variété des profils, de plus en plus diplômés, des candidats au djihad.
Pour revenir au roman « Je suis Pilgrim », une fois lu, tout autre thriller vous paraîtra fade, tellement son intrigue vous aura tenu en haleine durant plusieurs nuits. Véritable coup de maître pour ce premier roman de Terry Hayes, scénariste de profession qui a notamment écrit le scénario de Mad Max 2 et de la série Bangkok Hilton avec Nicole Kidman. Et bonne nouvelle, Terry Hayes est en train de rédiger son second roman « The Year of the Locust » pour une publication prévue en mai 2018!
Bonne lecture à tous !
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