Les Kalibr à l'assaut du désert syrien
La marine russe a procédé à de nouvelles frappes avec des missiles de croisière Kalibr tirés depuis la Méditerranée contre des cibles de l’État islamique en Syrie. Que faut-il retenir de cette nouvelle démonstration de force ? Il s’agit du quatrième tir du genre. Le premier avait eu lieu peu après le lancement de l’opération russe en Syrie, le 7 octobre 2015 : une salve de 26 missiles Kalibr alors avait été tirée depuis la mer Caspienne par la frégate Daghestan (Projet 11661K), et les corvettes lance-missiles Grad Sviazhsk, Uglitch et Velikiy Ustiug (Projet 21631) vers des cibles de l’EI. Quelques semaine plus tard, le 9 décembre 2015, le sous-marin B-237 Rostov-sur-le-Don (Projet 0636.3), alors en transit en Méditerranée afin de rallier la mer Noire, avait à son tour procédé à un tir de 4 missiles sur des objectifs situés à Raqqa. Enfin, le 15 novembre dernier, c’est la frégate Amiral Grigorovitch (tête de série du Projet 11356M, flotte de la mer Noire) qui a tiré une salve de 3 (?) missiles Kalibr. La frappe réalisée aujourd’hui (voir vidéo ci-dessous) a été mise en œuvre depuis les eaux de la Méditerranée orientale par la frégate Amiral Essen (Projet 11356M) et par le B-265 Krasnodar (Projet 0636.3), tous deux fraîchement versés à la flotte de la mer Noire. Ces deux bâtiments prenaient part depuis quelques jours à des manoeuvres navales russes en Méditerranée orientale, dans la prolongation desquelles s’inscrit donc ce tir de missiles Kalibr. Chacune des plateformes a procédé à 2 tirs de missiles, le B-265 ayant pour sa part mis en oeuvre la frappe alors qu’il était en immersion. Les Kalibr ont atteint des objectifs situés à Palmyre dans ce qui s’apparente donc au « baptême du feu » de ces deux nouveaux bâtiments. L’État-major russe a pris soin de prévenir les États-Unis, la Turquie et Israël de l’imminence de frappes de missiles de croisière. Cette opération appelle quelques remarques : – le nombre de missiles tirés lors de ces frappes continue d’être relativement faible. Mis à part le premier tire en 2015 (26 missiles), les autres opérations ont mobilisés 3 à 4 Kalibr. Le coût unitaire de ce missile n’est pas connu, mais différentes sources l’évaluent à environ $6,5 millions, en se référant à un contrat signé entre la Russie et l’Inde en 2006. New Delhi avait alors acheté 28 missiles de ce type pour la somme de $184 millions. A titre de comparaison, 1 missile Tomahawk coûterait environ $1,5 million. Le petit navire lance-missiles Uglich (Projet 21631, flottille de la Caspienne), qui est aussi porteur de missiles Kalibr, est d’ailleurs revenu à son port-base aujourd’hui, ce qui laisse supposer qu’il avait été déployé en « back up » au cas où les tirs réalisés depuis la Méditerranée ne se soient pas avérés concluants. – en dépit du nombre réduit de Kalibr utilisés, l’utilisation de ces munitions continue de relever de la démonstration de force, d’une part, et constitue par ailleurs une épreuve de « certification opérationnelle » pour les deux plateformes impliquées. La Russie dispose en effet de capacités aériennes déployées en Syrie qui lui permettent de détruire les mêmes cibles sans recourir à sa flotte, et ce, d’autant plus que l’accord conclu par Moscou avec Ankara et Téhéran concernant les 4 zones de désescalade semble porter ses fruits. La base Hmeimim utilisée par la Russie est toutefois éloignée des objectifs traités par les Kalibr et la base aérienne d’al-Chaayrate (celle frappée par les États-Unis en avril dernier), plus proche de Palmyre, n’étaient utilisée que par les hélicoptères russes. – La cible, Palmyre, n’a pas été choisie au hasard. Située au cœur du désert syrien, la ville avait été perdue par les Syriens cet hiver suite à un assaut mené par les djihadistes qui étaient parvenus à s’en emparer pendant quelques semaines, avant d’en être de nouveau chassés par le régime, appuyé par les Russes (y compris des contractuels « privés » déployés au sol). Il s’agit donc d’éviter de nouvelles déconvenues alors que l’armée syrienne et les autres « troupes chiites » s’activent dans le sud du pays. A ce propos, certaine sources liées à l’Armée syrienne libre affirment que des Kalibr auraient frappé leurs positions à proximité de la frontière syro-jordanienne… – enfin, quelques heures après la visite de Vladimir Poutine en France, cette opération vient appuyer les engagements réaffirmés par le président russe à Versailles de lutter contre l’EI. Elles ont vocation à illustrer la détermination, la crédibilité et la disponibilité de la Russie pour coopérer avec les Européens contre daech.

Source : ministère russe de la Défense

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