Rapide réflexion sur le rôle et surtout la justification de l’État, par une approche systémique. Pour atteindre cet objectif, il convient de revenir aux fondamentaux : à quoi sert l’État?
Réponses :
- à garantir l’intégrité physique de ses administrés
- à protéger la propriété de ses administrés
- à mettre en commun les ressources jugées vitales puis utiles à la collectivité
- à assurer une défense commune
- à résorber des litiges pouvant dégénérer par la vengeance privée
Tout part d’un constat : l’homme doit pouvoir se défendre contre l’environnement hostile, y compris ses semblables, et pour cela doit pouvoir compter sur une entité dont il accepte le fonctionnement en contrepartie de certaines garanties. Lesquelles sont par ailleurs individuelles avant de se fondre dans l’intérêt collectif.
L’étape suivante se définirait par la question suivante : comment doit fonctionner l’État?
Sur ce point, les modalités sont multiples et chaque solution adoptée est la résultante d’une adaptation à plusieurs contraintes d’ordre physique et/ou humaine. L’essentiel est de savoir que lorsque l’État fonctionne, les garanties primaires sont assurées. Le type de gouvernement et la nature de celui-ci est purement accessoire, le résultat prime sur les principes théoriques. Une constante demeure malgré tout : une administration fonctionnelle pour des tâches établies et acceptées dont ressort l’obligation de fonder un système judicaire apte à trancher les différends internes ainsi que la perception d’un impôt affectée à la préservation de la collectivité.
Lorsque l’État n’est plus en capacité d’assurer les garanties énoncées ci-dessus ou que le dévoiement atteint un seuil intolérable pour les membres, la déliquescence est actée. Celle-ci peut se prolonger sur un temps très long, c’est à dire perdurer quand bien même la façade semblerait laisser à penser que l’essentiel est préservé alors que la structure est vermoulue.
Plusieurs raisons peuvent l’expliquer, celles-ci pouvant être cumulatives :
- les fondations ont été érigées dans une optique pérenne, ralentissant conséquemment tout délitement
- aucune menace interne et/ou externe ne met sérieusement en relief l’état de délabrement du système
- il en va de l’intérêt d’une puissance tierce de maintenir l’État ciblé dans un statut de faiblesse endémique tout en le supportant de manière minimale pour éviter son effondrement
- un système bis a été érigé avec conservation de la direction étatique primitive délestée de toute réelle prérogative
- la capacité de résilience du peuple administré
Il n’en demeure pas moins qu’un État ignorant ou bafouant les principes fondamentaux se condamne lui même à plus ou moins longue échéance. Réagissant comme un tout biologique, l’État peut mourir en raison de métastases provoquées par des facteurs cancérigènes.
Lorsque l’anomie en arrive à un stade avancé, le pouvoir n’est plus capable que d’autoritarisme dans ses actes : l’État se résume dès lors à être un aspirateur fiscal et un gendarme arbitraire, le citoyen/sujet honnête devenant le seul à supporter l’effritement du système tandis qu’à la marge prolifèrent les enzymes prolongeant ou accélérant la situation délétère.
Plusieurs éléments ne manquent pas d’alerter l’observateur attentif :
- une fiscalité galopante, pléthorique, anarchique et disproportionnée
- un système judiciaire inique où le récidivisme est légion
- un exécutif âpre au gain sans souci aucun du bon fonctionnement des organes généraux
- une absence de remontée d’informations fiables liées aux administrés vers le(s) gouvernant(s) ou une absence de leur prise en compte au profit de mesures purement idéologiques
- une perméabilité à des influences extérieures répétées et acceptées par les plus hautes sphères de décision
- la confiance des administrés en son utilité
- l’assurance d’avoir les moyens d’offrir à ceux-ci des garanties essentielles et réelles
Sans ces piliers, l’État perd toute légitimité et ne saurait être qu’en sursis.
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Sachant qu’une fiscalité galopante, pléthorique, anarchique et disproportionnée peut trouver sa source dans une imposition dégressive pour les plus riches. Comme le dit le trait d’humour faisant référence à l’Ancien régime: « Payer des impôts ? Mon dieu, mais c’est pour les pauvres ! »