Alors que l’Ukraine entre dans sa troisième année de guerre depuis l’invasion explicite de son territoire par la Russie, c’est l’occasion de poser ici quelques réflexions. Tant sur ce conflit sur le sol européen, l’autre du côté de Gaza ainsi que tous ceux dits « tièdes » ou de basse intensité. Les fameux dividendes de la guerre froide semblent s’être volatilisés depuis bien longtemps (au hasard, depuis le 11 septembre 2001 ?).

Il y a évidemment une peine profonde lorsque l’on regarde vers l’Ukraine : tant de vies fauchées, de larmes et de sang de part et d’autre, pourquoi finalement si ce n’est mettre en œuvre une vision du monde quasi-dystopique de la part du Kremlin ? Au-delà des aspects sombres et des perspectives peu favorables à moyen-terme, on relèvera cependant que l’opération de 3 jours s’est brisée sur le mur d’une résistance acharnée, d’un état d’esprit combatif car la survie d’une nation est en jeu. Mais sans livraison de munitions et notamment d’obus ainsi que l’injection de nouvelles troupes, l’Ukraine sera dos au mur à reculer ligne de défense par ligne de défense, jusqu’à céder ? La façon d’aborder cette guerre, tant par l’Union européenne que par les États-Unis, paralysée par l’approche des élections présidentielles en novembre et la polarisation exacerbée entre Républicains et Démocrates, a et aura de véritables répercussions sur les suites de ce conflit. Un certain nombre d’observateurs, qui ne sont ni des relais ni des contempteurs du régime moscovite, pensent que les uns et les autres pourraient passer l’Ukraine par pertes et profits. L’Histoire le dira.

Au Moyen-Orient, c’est toute la tectonique des plaques qui est en œuvre, à travers l’opération israélienne à Gaza. Supplétifs de l’Iran, Qatar, Égypte, Syrie, mais aussi évidemment Russie et États-Unis, la dialectique de la guerre et des rapports de force dans cette région du monde se déploie et n’en finit pas de durer. La sortie de crise ne semble pas près de survenir et il est possible que ce conflit dure encore plusieurs mois.

Enfin, relevons les différents points chauds en Amérique du Sud, et bien sûr en Afrique, ainsi que le conflit en Birmanie qui voit la rébellion obtenir de véritables succès et prendre des portions entières du territoire sous son contrôle. A quelques centaines de kilomètres, l’autre point tiède qui pourrait devenir chaud, Taïwan, focalise l’attention de nombreux acteurs, particulièrement des deux puissances qui pourraient se retrouver face à face : la Chine et les USA.

Voilà donc autant de mauvaises nouvelles et de cendres rougeoyantes qui pourraient produire des départs de feux annonciateurs d’un embrasement plus global, d’une conflictualité majeure et systémique. Si le pire n’est jamais sûr, relevons tout de même que cette décennie qui s’est ouverte sur une pandémie mondiale, semble cependant placée sous le signe des surprises stratégiques et des cygnes noirs !

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